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Diplôme de paysage . ensapBx . Marie Bretaud & Helena Le Gal

Nos paysages de l’ordinaire catalyseraient les crises : rives urbaines de fleuves exploitées, dissimulées puis dévoilées, friches industrielles marginalisées, investies puis exposées, aujourd’hui habitat pavillonnaire, zones commerciales et artisanales standardisés, multipliés, fréquentés mais décriés, paysages agricoles promus mais oubliés,…

Toutes ces formes qui ont produit des paysages plus usités qu’observés apparaissent, en temps de crise (économique, sociale, identitaire) comme l’enjeu de conflits d’intérêts intenses. Ils sont souvent le support de ségrégation, dévaluation, désaffectation tant culturelles que sociales.

 

Alors que les pouvoirs publics sont contraints par une économie de crise, exacerbant les inégalités territoriales, les politiques publiques sont pourtant souvent motivées par une démarche de développement aménagiste dictée par la concurrence territoriale. On lit dans les paysages une sorte de course vers le futur, où la production de formes urbaines se doit d’être rapide et oublie de s’ancrer dans la réalité des environnements.

Ces « paysages vécus », habités et usités, dérangent puisqu’ils sont les représentants d’une hégémonie économique : « plus vite, moins cher », tant pour le concepteur que le destinataire. La forme stéréotypée, répétée en série aisément est, en ce sens, une réponse efficace. Mais l’ancrage efficient de ces formes, esthétique comme géographique, se construit indéniablement avec le temps, à l’image des faubourgs, des friches industrielles et des berges de fleuve en ville. A court terme, il réclame une approche plus particulariste, où les lieux, les formes, les individus et les représentations sont moins lissés et plutôt considérés dans leur singularité.

DU DOCUMENT A LA FICTION

RECIT D'UNE

VILLE ORDINAIRE

SUBTILITES

PERIURBAINES

Histoires de l'ordinaire

Sur ce thème des paysages ordinaires, « paysages vécus », il est donc important d’envisager la nature du lien entre le récepteur / interprète et son environnement plutôt que de s’attarder sur l’objet. Il s’agirait alors de collecter les représentations de chacun ; de faire émerger la conception polymorphique de ces lieux pâtissant de leur lissage.

Un autre état des lieux des cultures habitantes de ces espaces semble nécessaire. Il faut regarder ailleurs et/ou autrement, montrer d’autres paysages que ceux brandis dans des représentations de prestige, à visée publicitaire ou ordonnatrice, d’autres manières de les regarder et surtout de les vivre.

Afin d’éviter les plaidoyers et les réquisitoires au sujet de formes paysagères polémiques, il s’agit d’une part de questionner la doxa en rendant mitoyennes des représentations plus ou moins divergentes (faire exister un pluralisme) ; d’autre part de dépasser les iconographies habituelles d’observatoire ou d’inventaire pour ouvrir une pensée non pas orientée vers l’objet mais bien vers le rapport à l’objet.

Une certaine culture européenne du paysage, toute fondée sur la suprématie du visuel et du contemplatif est donc à relativiser. On peut alors chercher de nouvelles représentations aidant à un récit réellement environnementaliste, en ce sens qu’il ouvre la pensée du paysage à un système interactif mariant le sujet et l’objet.

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