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Diplôme de paysage . ensapBx . Marie Bretaud & Helena Le Gal

...à la ségrégation spatiale

 

Le lotissement peut s'opérer selon différentes procédures :

Le lotissement communal : pour les plus modestes. La commune assure (sans bénéfice) la constructibilité, le tracé, la viabilisation des terrains. Ceux-ci sont commercialisés sous forme de lots libres via des agences immobilières. La réalisation de la maison se fait via des constructeurs, maitres d’œuvres, artisans ou architectes (par exemple Naillac à Bergerac).

Le lotissement privé est une division de parcelles privées lors d'une transmission. L'aménagement est réalisé la plupart du temps par des promoteurs constructeurs et dessiné par des géomètres. Il cible une clientèle variée mais plus aisée. Il concerne environ ¾ des maisons en secteur diffus.

Le lotissement aménagés par des sociétés d’économie mixte est une opération de plus grande envergure liée à des projets tertiaires ou de loisirs (ex: Pombonne). Il cible une population spécifique comme des retraités aisés,...

En moyenne deux tiers des acheteurs de maison individuelle sur Bergerac sont retraités. Les prix du sont exorbitants pour toute la tranche médiane de la population. Les ménages les plus modestes doivent donc rester sur des ilôts populaires, des lotissements communaux loin des emplois.

 

 

Habiter à la pavillonnaire

 

Depuis 20 ans la transformation de la famille, la flexibilité du travail, les RTT, le développement de la propriété privée, l'éparpillement des villes mènent à une séparation totale du lieu d’habitat avec d'autres activité du quotidien. Cette archipellisation opère une séparation des groupes sociaux et des activités, car il s’agit bien d’accès individuels plus que de phénomènes collectifs. Les classes moyennes qui définie actuellement une part encore très hétérogène de la population, adoptent des parcours particulièrement diversifiés qu’il est dur de cartographier. Dorénavant l’ancrage territorial n’est plus seulement déterminé par l’appel du milieu auquel on appartient, il varie selon la stratégie que l’on peut se permettre.

 

On passe d'une vie de quartier basée sur des liens privés et politiques à une « clubbisation », c’est à dire que les relations au local sont déterminées par le choix de la qualité des services, de l’environnement social et paysager. Il s'agit d'une relation utilitaire à l’environnement (moins idéologique).

Cette "clubbisation" est nourrie par l'absence d'une socialisation "de rue" (sur des espaces communs), le rapport de voisinage est essentiellement fondé sur la propriété privée. D’une certaine manière l’ordre du jardin, sa bonne tenue, symbolise la conformité de la famille aux normes de la zone. Déroger à la règle c'est être mis à l’écart, susciter la méfiance. La toponymie récente  témoigne concrètement de cette volonté de séparation avec moult « clos …», appellation traditionnelle comme «hameau » ou distinction comme "domaine"…

Cette relation privé/privé entraine une certaine homogénéisation des lieux puisque chaque ilot veut bénéficier d’un accès au réseau égal au voisin. Cette recherche d’équité entraine inévitablement une banalisation des modes de développement

La question de l’égalité entre les territoires rime donc, à plus large échelle, avec ce débat actuel : équité /identité/altérité et leurs transpositions spatiales.

A Bergerac, le lieu et la qualité du logement individuel diffère donc selon le niveau social de ses habitants :

 

 

 

Par exemple, une majorité de cadres supérieurs et de professions libérales habitent des maisons au nord de la ville, sur le versant sud, un site ensoleillé et protégé. Les logements sont souvent des chartreuses périgourdines ou des maisons à l’architecture moderne. ►

Les hauteurs de Lembras, le quartier Bellevue, le Mont de Neyrat et le lieu dit portail rouge sont considérés comme le "croissant riche" de Bergerac.

 

 

 Les moins aisés (ouvriers et employés) peuvent louer, ou parfois acheter, un pavillon clef en main, se trouvant à proximité d’un axe routier (Il s'agit typiquement du paysage le long de la départementale attenante à Bergerac). ►

Subtilités périurbaines

De la spécialisation rurbaine...

 

A Bergerac l'évolution pavillonnaire fût d’abord radiocentrique mais s’est vite frayé un chemin dans d’innombrables espaces de la ville et de la campagne. Bergerac s’étale et se confond avec les communes environnantes.

Les villages initiaux sont souvent réduits aux services d’appoint ou transfigurés en icônes touristiques (Issigeac, Eymet). Certaines communes périurbaines peuvent être considérées comme des annexes de Bergerac (Lembras, Cours de pile) alors que d’autres sont principalement des bassins d’emplois (La Force, Creysse). Certaines ont à la fois une fonction résidentielle et de production (Gardonne, Pringonrieux) alors que Mouleydier, Saint-Pierre d’Eyraud et Lamonzie sont des bassins d’emplois secondaires

« Nous vivons en ce moment le passage d’une société verticale, que nous avions pris l’habitude d’appeler une société des classes avec des gens en haut et des gens en bas, à une société horizontale, où l’important est de savoir si on est au centre ou à la périphérie. »

 

Alain Touraine, « Face à l’exclusion », Citoyenneté et Urbanité, Paris 1991, Editions Esprit, p.166

«  Cette dernière décennie, le mouvement général des catégories sociales, notamment des catégories supérieures, a consisté à s’isoler. Entre les groupes sociaux, la logique est l’évitement, ce qui se traduit par une tendance forte à l’homogénéisation et à la hiérarchisation des espaces urbains.

La recherche de l’entre soi,  du moins pour les groupes qui en ont les moyens financiers, est un paramètre décisif de leur localisation. Dès lors les phénomènes de ségrégation sont aussi des phénomènes d’agrégation. »

D. Lapeyronnie, 18 et 19 octobre 2007

RETOUR

DU DOCUMENT A LA FICTION

DIGRESSION :

LE CAS DE DEUX

GATED COMMUNITIES

 Les retraités nouveaux venus optent préférentiellement pour un habitat sécurisé à proximité du centre-ville. ►

Il s'agit souvent de maisons plus importantes, en zone urbaine ou moyenne-urbaine profitant des commerces et services de proximité, avec l'attrait, si possible, du style et de la qualité de vie (tradition Pérogurdine, calme...), valeurs qu’ils ont souhaitées mais jamais eues (la plupart du temps ils ont connu le Périgord en vacances).

 

Les investisseurs recherchent activement en zone diffuse (plein sud de Bergerac, Mont de Neyrat,... qui sont des zone prisées. Le vieux Bergerac est dévolu aux personnes seules et aux plus précaires.

 

Les villages à proximité directe de Bergerac (la Force, Prigonrieux) attirent particulièrement les familles de catégories moyennes (enseignants employés de services, professions intermédiaires…) ►

Les jeunes couples avec enfants en bas âge cherchent plus particulièrement de grandes maisons, avec un terrain conséquent, dans un rayon de 10-15 km de Bergerac, près d’un village ou d’une école. Ils privilégient l'environnement de Bergerac même si ces sites sont moins prisés en raison de  l’exposition nord (bas de Monbazillac)…Prigonrieux et la Force sont très recherchés car disposent de beaucoup services.

 

Les villages alentours: Issigeac Eymet et les bords de Dordogne sont recherchés par les anglais et les jeunes retraités aisés.►

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