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Diplôme de paysage . ensapBx . Marie Bretaud & Helena Le Gal

Notre première confrontation avec les paysages bergeracois, faite d’arpentages de découverte, a été une approche intuitive. Elle nous a mené à nous intéresser aux objets tels que les tombes isolées et les séchoirs, qui avaient retenu notre attention par leur abondance sur le territoire et par leur aura particulière, teintée d’un caractère mystérieux. Ces sortes de ruines de paysages du passé dégageaient pour nous une espèce de nostalgie romantique, esquissant un sentiment de sublime, de pittoresque ou encore de mystique. Collines dans la nuit brumeuse, gorges de rivières sauvages, anciennes tombes protestantes, signalées par de grands cyprès mais cachées au fond d’un champ labouré et recouvertes de végétation, vieux séchoirs à tabac, tout grinçants, relégués au rang d’abris ou de greniers, alignements d’arbres remarquables, déchus, perdus au milieu d’une campagne ordinaire, pins parasols plus que centenaires, plantés seuls quelque part, dignes, mais comme anachroniques… Autant de signes de mutation, de traces surprenantes dans des paysages banals, que d’images chargées d’émotion. Ce territoire tellurique, tranquille et intime nous laissait deviner un rapport bien particulier entre ses humains et ses paysages : il rassemblait les empreintes singulières de l’agriculture, de l’habitat, ancien comme contemporain, et de croyances, sacrées comme profanes…

 

Notre travail d’inventaire et de base de données, en voulant à tout prix être quantitatif, s’est détaché de ses premières sensations. Elles sont restées un point de départ, et ont disparu par la suite pour laisser la place à l’ordinaire, aux collections d’objets plus ou moins anodins. Ainsi les objets recensés sont restés les mêmes, mais l’intérêt que nous avons développé autour était plus celui du récit paysager qu’ils supportaient en tant qu’objet du banal, et non en tant qu’objet de l’émotion.

 

Finalement aujourd’hui, en requestionnant notre base de données et les représentations qu’elle donne à voir, nous posons de nouvelles questions.

Assujettie à un projet de porter à connaissance, une telle production est à réfléchir sous l’angle prudent de ses détournements potentiels : pouvant être promotionnelle, elle servirait le développement d’un nouveau tourisme ; lequel ? Pouvant supporter une conscience patrimonialisante, elle servirait des réglementations ; lesquelles ? et surtout la genèse d’un récit paysager ; lequel ? Ces différents débouchés sont autant d’économies sous-jacentes, envers lesquelles il devra s’agir d’être avisées et précautionneuses, voire antagonistes. Pour qui créer un tel outil ? Comment sortir des limites de l’inventaire et du fichage ? Comment être ni trop documentaire, ni trop artistique ? Et comment y réinjecter l’humain, voire l’individu, ses gestes, ses paroles, ses traces et ses mouvements, finalement ses rapports aux lieux ?

 

C’est pourquoi, en réinterrogeant nos premières impressions, il nous paraît évident de devoir resserrer et préciser le sujet qui nous intéresse. Cet outil, consacré à un travail sur l’ancrage des individus à leur environnement, doit se détacher de son simple caractère d’observatoire objectif pour devenir un outil d’expression des affects qui habitent le territoire, de toute cette charge émotionnelle qui le caractérise, celle-ci même que nous avons perçue dans le paysage, mais si discrète, imprécise, oubliée.

Il doit retrouver un rapport intime aux personnes, à travers des représentations de l’émotion, du sentiment, de l’affectif. Ainsi, il pourra refléter des visions secrètes, subjectives mais légitimes, non lissées, des images inédites mais non promotionnelles. Il pourra raconter, et non inventorier. Il pourra représenter le territoire, au sens d’être l’ambassadeur de la dimension affective qui existe entre les lieux et les individus, et devenir le médiateur des sentiments qui hantent l’espace pour offrir une nouvelle existence/connaissance des lieux. Il pourra tenter de représenter l’espace dit « potentiel » ou « culturel » associé à une multitude de personnes du territoire, cet espace compris entre l’intérieur et l’extérieur, l’intime et le général, une réalité individuelle et le réel.

PLAQUETTE DU PROJET 2013

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De l'immense au minuscule

Projet de 3e année de paysage en collaboration avec e SyCoTeB en 2013

Travail de groupe avec Caroline Benito, Clément Borrell et Romain Lacoste

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